Parce qu’un petit tour au Kérala ne se refuse jamais : Avial !
J'ai la tête et le coeur en vacances ... La faute à 750 g, qui m'oblige à me replonger dans mes souvenirs de vacances ! Alors je suis repartie en Inde, au Kérala ; pour moi, c'était il y a déjà deux étés, mais ma petite soeur en revient juste, avec une sublime huile de coco artisanale ...
S’il est un produit qui symbolise le Kérala, c’est bien la noix de coco : elle est partout, dans les paysages, avec tous ces cocotiers, dans la vie quotidienne, avec la paille de coco notamment, pour les soins du corps, dans la cuisine bien sûr, tant en salé qu’en sucré, sous forme de fruit frais, de pulpe fraîche ou râpée, de lait, d’huile ...
Et s’il est un plat qui symbolise le Kérala, c’est l’Avial.
En tamoul, « aviyal » signifie « bouilli », qui est la base de cuisson de ce plat.
L’Avial fait partie des mets toujours servis lors d’un repas de fête, et il est tellement typique du Kérala qu’il est même passé dans la langue : en malayalam (la langue parlée dans le Kérala ; juste une petite parenthèse : les langues parlées en Inde sont très nombreuses, et la seule langue unissant les Indiens est l’anglais, absolument pas l’hindi), parce que l’avial combine de nombreux légumes, qui cuisent et doivent se mêler ensemble, ce mot signifie mélanger ou mettre en bazarre !
La première fois que nous avons mangé un avial, nous sommes immédiatement tombés sous le charme : la douceur et l’onctuosité absolues de la noix de coco, contrebalancée par la pointe acidulée apportée par le tamarin ou la mangue verte, afin que les papilles ne soient pas empâtées, et, nous sommes en Inde, tout de même, le souffle du piment, pour finir de nous emporter …
C’est un plat emblématique du Kérala et je me souviens, à chaque fois que, sur un menu, nous choisissions cette préparation, la personne qui nous le cuisinait était toujours ravie, et fière d’expliquer qu’il s’agissait, plus que d’un plat indien, d’un plat absolument régional.
Il s’agit donc d’un mélange de légumes en curry de pâte de coco ; c’est très différent des curries au lait de coco, beaucoup plus connus, et délicieux aussi d’ailleurs ; mais dans l’avial, comme vous utilisez la chair de la noix de coco, que vous réduisez en pâte, vous avez beaucoup plus de présence en bouche, c’est beaucoup plus charnel...
Je ne vais pas vous mentir, réaliser ce curry demande un peu de temps, justement à cause de la pâte de coco qu’il vous faut préparer. Acheter une noix de coco (contenant encore du lait, signe de sa fraîcheur), la casser (en récupérant le lait), l’éplucher … bon, jusque là, ça va, car j’ai mon casseur-éplucheur de noix de coco personnel ! Et après, c’est également très facile, grâce à mon fameux Champion, qui vous réduit tout cela en pâte onctueuse en un rien de temps ! Cela étant dit, si vous n’êtes pas aussi bien équipés, ne vous découragez pas immédiatement : on vend, au rayon frais des supermarchés asiatiques, de la pâte de noix de coco toute préparée, de la marque Renuka. Evidemment, ce ne sera pas tout à fait pareil (cette pâte n’est pas crue), mais je pense que ce devrait être bon, vu qu’elle n’est constituée que de pulpe de coco.
Reste maintenant à choisir les légumes : ils doivent être très variés, c’est la règle de base. Après, vous faites comme vous pouvez si vous n’êtes pas dans le Kérala : des drumsticks, des gombos (également appelés bindis, ou lady fingers), des string beans, du concombre (mais attention, pas aqueux comme le nôtre), de l’elephant foot yam (là, vous allez avoir plus de mal !), du tamarin ou de la mangue verte, de la banane plantain, de l’aubergine … bref : varié !!
Vous pouvez mettre des petits pois, du chou-fleur, de la courge butternut (ce que j’ai fait cette fois), de la courgette plutôt que du concombre (cela correspond mieux aux concombres indiens), la banane plantain verte a un peu la consistance farineuse de la pomme de terre … bref, faites au mieux, de toute façon, ce sera bon ! Mais si vous pouvez, je vous conseille une virée dans un magasin indien ou chinois pour vous ravitailler au préalable.
Ne prenez pas peur non plus en voyant la quantité d’échalotes et de piments, la douceur de la noix de coco, encore plus grande que celle du lait, vient contrebalancer tout ça !
Et n’oubliez pas la touche finale, en ajoutant au dernier moment l’huile de coco : crue, elle garde ainsi tous ses arômes. Comme je le disais, ma petite sœur, en revenant du Kérala, m’a ramené une huile de coco artisanale … un pur bonheur tous les matins dans ma salle de bain ! Et quelle onctuosité sur la peau … Cette même huile fait merveille en cuisine, le parfum et le goût en sont incomparables ; c’est ça les produits purs et artisanaux : aucun additif, et donc multi usages !
Alors, vous me suivez ?
Dès la première bouchée, vous serez à Varkala, au bord de la falaise, vue sur la mer et les cocotiers, sous un toit de palmes, quelques chiens et chats se baladant, la douceur de l’air du soir, au soleil couchant, un lassi en attendant que tout soit prêt …
Pâte de noix de coco :
300 g de pâte de noix de coco
100 g d’échalotes
3 rondelles de curcuma (sinon, utilisez 2/3 de cc de poudre de curcuma)
6-8 piments verts (j’avais des rouges, cette fois-ci !)
2 feuilles de curry
Cumin
Casser la noix de coco en
réservant le jus ; éplucher.
Passer tous les ingrédients au Champion.
Attention, les feuilles de curry sont des feuilles aromatiques, il ne s’agit pas d’un mélange d’épices en poudre (oui, cela prête à confusion, mais cela vient du fait que « curry » dans le sens de mélange d’épices est un terme occidental, pas indien).
Avial :
750 g de légumes : un mélange de drumsticks, haricots verts, gombos, 1 banane plantain verte, de la courgette, de la courge butternut ou de potimarron, du chou-fleur, ou autres …
300 g de mangue verte (2 environ)
Sel
Une pincée de poudre de curcuma
3-4 feuilles de curry
36 cl de liquide : bouillon de légumes, jus de la noix de coco, eau éventuellement
1,5 cs d’huile de coco
Coriandre ciselée
Eplucher, peler les légumes selon leur variété, en gros cubes ou rondelles.
Porter 36 cl de bouillon de légumes, d’eau, ou un mélange des deux, à ébullition, avec une pincée de curcuma et du sel.
Ajouter les feuilles de curry, les légumes, en mettant en premier ceux qui nécessitent la cuisson la plus longue ,(on mettra la banane plantain en premier, ensuite la butternut … la mangue verte en tout dernier, en la faisant très peu cuire), et faire mijoter à couvert jusqu’à ce que tout soit tendre.
Ajouter alors la pâte de coco, et faire cuire 2 minutes ; ajouter l’huile de coco, remuer.
Hors du feu, mettre un peu de coriandre ciselée, et disposer le reste sur les assiettes.
Accompagner de riz Basmati, cuit comme j’indique ici, et de parathas …
Dégustez… Alors, ce n’est pas magnifique, le Kérala ?